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Journées d’étude

DU STUDIO AU PLATEAU DE TÉLÉVISION : APPROPRIATIONS, DÉTOURNEMENTS ET RÉINTERPRÉTATIONS PAR LES ARTISTES

INHA – les 28 et 29 Juin 2013

Comité d’organisation Fleur CHEVALIER (Paris 8), Mickaël PIERSON (Paris 1)

et Marie VICET (Paris 10)

Cette manifestation reçoit le soutien du Campus Condorcet.

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G. Hervé, « Specchio » (1984)
© G. Hervé

L’art vidéo puise son origine directement de la télévision. Un des premiers artistes à travailler avec la technologie vidéo, Nam June Paik, disait que celle-ci était la fille de la télévision. Les artistes s’en sont d’abord pris au téléviseur lui-même avant de voir en la vidéo un nouveau medium à expérimenter. Les liens qu’entretiennent les artistes avec la télévision n’ont cessé de se développer depuis les années 1960.

Les chaînes de télévision ont ouvert très tôt leurs studios aux artistes en voyant en eux une nouvelle force créatrice pour leur programmation. Ces artistes bénéficiaient alors de la régie de la chaîne, disposant de moyens techniques qu’ils ne pouvaient avoir par ailleurs, la chaîne leur fournissant également les moyens financiers de production. L’émission The Medium is the Medium, produite par Fred Barzyk pour la chaîne bostonienne WGBH en 1969, ou les travaux réalisés par le Groupe de recherche image fondé par Pierre Schaeffer en 1960 au sein de la RTF ont fait date en ce qui concerne les expérimentations artistiques à la télévision. Malgré ces initiatives, loin d’être à l’abri dans les rares studios qui leur ouvraient leurs portes, les artistes se heurtaient aux exigences productivistes d’un circuit économique majoritairement voué au divertissement et à la publicité, ou devaient se résoudre à la non-diffusion de leurs essais finalement marginalisés par rapport au reste de la production télévisuelle.

Dans un même temps, les artistes ont vu dans la télévision un espace de prise de parole et un moyen de toucher un plus large public. Ces artistes ont envahi le plateau d’émissions pour se faire connaître, diffuser leur discours ou perturber par leur action le bon déroulement de l’émission. De Salvador Dalí, et sa première prestation télévisée sur la chaîne new-yorkaise ABC en 1954, à Matthieu Laurette, en passant par Chris Burden ou ORLAN, plasticiens, performers, vidéastes font des plateaux de télévision une scène pour leur intervention et la diffusion d’un discours artistique. Dans les années 1970, certains dépassent même largement le cadre du discours artistique pour basculer dans l’activisme politique.

Le studio de télévision et son plateau ont aussi vu leur déplacement de la chaîne à l’atelier de l’artiste. Andy Warhol avait ainsi recréé dans les années 1980 un véritable studio de télévision dans son atelier pour y tourner des émissions diffusées ensuite sur des chaînes câblées. Dans les années 1990, les artistes déplacent les moyens de production au musée qu’ils transforment en véritable studio de télévision avec régie technique et plateau de télévision (Mobile TV de Pierre Huyghe qui émettait depuis l’IAC de Villeurbanne en 1995 et depuis le Consortium de Dijon en 1997 ; l’intervention de Fabrice Hyber au Pavillon français de la Biennale de Venise en 1997). En y déplaçant plateau et moyens de tournage, les artistes font de l’espace d’exposition un nouveau modèle de studio télé.

Au croisement de l’histoire de l’art et de la télévision, ce sujet reste encore mal connu et peu étudié. Si certaines grandes lignes en ont été mises à jour, c’est tous les pans d’une histoire plurielle qu’il faut réordonner, recontextualiser, et parfois même retrouver avant leur disparition, pour l’écrire et rendre justice à ses divers acteurs. Avec la participation de nombreux spécialistes (historiens, théoriciens, artistes, producteurs, commissaires), ces journées sont l’occasion de rendre compte de différentes sortes d’interventions d’artistes au sein des studios et des plateaux de télévision afin d’engager une réflexion transversale et d’envisager ensemble, à plus long terme, la reconstruction de cette histoire.

Que soient ici chaleureusement remerciés les différents intervenants et les nombreux soutiens qui permettent la tenue de ces journées, de même que les artistes et institutions qui ont donné leur accord pour la projection de leurs vidéos.

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